Monday, May 31, 2010

Une occasion à ne pas manquer

Il est des moments dans la vie où on sent qu'il n'y aura pas de nouvelle occasion. Il y a quelques années Toni Morrison est venue à Lyon, à la Villa Gillet. Je n'y ai pas été. Pareil pour les Rolling Stones une année ou deux plus tard. Mais la semaine dernière c'était Daniel Cordier, et je ne voulais pas rater ça. Pour mémoire, Daniel Cordier était pendant une courte période entre 1942 et 1943 le secrétaire personnel de Jean Moulin.

Une soirée était prévue à l’institut Lumière, avec la projection d’un film et un débat, mais tout ce que j’ai retenu, c’était la présence de Daniel Cordier, peut-être la dernière personne encore vivante qui a connu Jean Moulin pour avoir été dans le cercle restreint de ses plus proches collaborateurs. D’autres personnes l’avaient retenu aussi. En effet, quand j’ai appelé pour réserver des places, on m’a informé que c’était complet. Tant pis, j’ai décidé à y aller quand même et j’étais très content que Ben, 15 ans, décide de m’accompagner.

Nous arrivons, nous nous mettons dans la queue pour avoir des places, certainement sur les marches, on nous dit. Pensant déjà à la séance de dédicaces, j’achète l’ouvrage « Alias Caracalla » (Prix Renaudot 2009) de 900 pages. Puis au bout d’une vingtaine de minutes nous nous allégeons de 5 (oui, cinq !) euros chacun pour avoir le droit de rentrer dans la salle. Fort de la notion que même dans une salle comble il reste toujours des places, nous filons vers l’avant et nous nous installons au deuxième rang.

A partir de là nous plongeons, au travers du film documentaire, « Daniel Cordier, la Résistance comme un roman » au cœur de la Résistance française balbutiante. Daniel Cordier nous fait revivre, pratiquement semaine par semaine, son périple de trois ans de jeune homme nationaliste, royaliste et résistant, qui s’engage aux cotés du Général de Gaulle avec une idée en tête : en découdre avec les Allemands. On découvre exactement ce que j’espérais : une histoire personnelle, vécue au jour le jour et non pas l’histoire monolithique, mythique d’un pays qui se battait tous ensemble contre l’Occupant. On comprend qu’il n’y a pas une seule vérité sur la Résistance, mais une multitude de courants, de mouvements contradictoires et concurrents. Comme tout les monde, quelque soit l’époque, il ne sait pas que ses actions s’inscrivent dans un événement d’une portée historique. On comprend aussi combien Daniel Cordier s’attache au personnage de Jean Moulin.

Après le film il y a eu bien sûr des questions. Daniel Cordier qui aura , si Dieu veut, 90 ans cette année, a répondu avec la même clarté d’esprit sensible dans le film. Ben pourra donc dire à ses petits enfants—si Dieu veut encore une fois—qu’il a vu un des derniers résistants français ! Le film peut être visionné en streaming ici jusqu’au 6 juin prochain. Profitez-en ! Vous ne serez pas décus !

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